Cette question fait débat depuis longtemps et toute une gamme de réponses ont été apportées depuis 150 ans!

Je vais me contenter de livrer quelques pensées personnelles qui pourront peut-être t’aider pour aller plus loin.

Tout d’abord la référence à un livre pas trop compliqué, écrit par une équipe de scientifiques chrétiens. Il s’agit de: « Adam, où es-tu ? Perspectives bibliques et scientifiques sur l’origine de l’Humanité », par un collectif d’auteurs sous la direction de Lydia Jaeger, édition Excelsis (Groupes Bibliques Universitaires), collection Foi en Dialogue, 2013. (prix : CHF 32.–).

Hypothèses ou certitude ?

Pour ce sujet, il faut bien connaître le vocabulaire qu’on emploie. Par exemple le mot « scientifique ». Les hommes de science sont en général beaucoup plus prudents que les gens des médias qui véhiculent leurs thèses en les présentant souvent comme « scientifiques ». Bien des chercheurs reconnaissent qu’une partie de leurs thèses reposent sur des hypothèses encore non vérifiées ou qui seront contredites par la suite.

Les savants sont loin d’être unanimes sur la question de l’évolution. Personnellement, je ne suis pas gêné dans ma foi au Dieu Créateur par un certain consensus « scientifique » sur le fait que l’univers serait âgé de millions et même de milliards d’années et qu’il s’est beaucoup modifié pendant ce temps. Dieu peut très bien avoir procédé de la sorte tout en contrôlant souverainement l’histoire du monde. L’histoire humaine est très courte en comparaison, mais elle constitue le principal, la fine pointe, l’objectif éternel de Dieu !

Comment comprendre la Genèse ?

Qu’en est-il alors des premiers chapitres de la Genèse ? Ils n’ont pas pour but d’établir une présentation scientifique au sens moderne. Ils sont, par contre, une révélation d’ordre spirituel extraordinaire ! Le chap.1, théologique, est construit sur le modèle de la semaine de 7 jours et aboutit à la création de l’humanité comme un sommet, débouchant sur un septième jour infini dans une Humanité unie en son Dieu (« Adam », le « terrestre », est ici une appellation collective concernant tout à la fois l’homme et la femme « à l’image de Dieu »). Les chap. 2 et 3, eux, commencent par la création de l’homme, puis de la femme, vus comme le centre des créatures, animés par le Souffle divin et placés dans un Jardin. Le couple humain y est présenté comme « historique », même si le langage employé est symbolique.

Tu emploies le mot « créationniste ». Ce mot est piégé car on l’attribue le plus souvent à un courant littéraliste représenté surtout aux États-Unis. Ce courant extrême essaie de trouver des preuves que ces chapitres sont à prendre comme une description quasi journalistique du fait de la création par Dieu. Ou alors on donne à choisir entre une lecture littérale à laquelle il faut croire au mépris des connaissances scientifiques… et d’autre part une adhésion au discours scientifique au mépris de la foi au Dieu biblique. C’est à mon avis un faux dilemme qui suscite des problèmes sans fin à ceux qui font des études.

Respect et amour

Personnellement, je respecte ceux et celles qui défendent la position littéraliste, même si je ne la partage pas pour la plus grande part, car ils sont mes frères et sœurs en Dieu, le DIEU d’Israël et de Jésus-Christ. Notre foi en Jésus-Christ dépend d’une révélation intérieure de l’Esprit Saint dans notre cœur-esprit, sur la base de la Parole biblique, et non de notre position intellectuelle sujette à variations et qui porte sur le comment de l’origine du monde et de l’humanité.

Mais il faut préciser que tous les croyants sont « créationnistes » puisque tous, nous avons foi que l’univers a été créé par le Dieu Créateur (Hébreux 11.1-3). Néanmoins, entre les croyants, il y a des lectures diverses, spécialement concernant les 11 premiers chap. de la Genèse. Pourtant nous reconnaissons ensemble que ces textes sont tous inspirés par l’Esprit de Dieu aussi bien que le reste de la Bible ! Leur sens est spirituel !

La question la plus difficile tourne autour de l’Humanité. Entre parenthèses, la science n’a jamais trouvé, jusqu’à ce jour, le chaînon génétique qui ferait de l’homme, en particulier l’homo sapiens, le résultat d’une mutation génétique naturelle à partir d’un singe ”supérieur”.

Dieu

Il y  a 3 « SAUTS » dans « l’évolution » qui ne peuvent s’expliquer, sinon par l’intervention de Dieu : 1) le surgissement de ”quelque chose” au commencement à partir de rien (que ce soit par big bang ou autres)  2) l’apparition de la vie sur la terre  3) l’apparition d’une « espèce » douée d’une conscience d’elle-même et de Dieu, de parole, d’intelligence spirituelle, et capable d’une relation d’amour infiniment supérieure au seul instinct (l’être humain), avec le sens de l’éternité.

Quand commence l’Humain à l’image de Dieu (Gen.1. 25-26) ? Je n’ai pas de réponse. Par contre, je crois que Dieu a créé un couple humain précis dans un milieu très favorable, exempt de mal et parfait appelé le « jardin d’Eden ». Dieu a insufflé son Esprit en eux, leur a donné une mission culturelle par rapport à la planète et a fondé à partir d’eux une lignée familiale et générationnelle dans laquelle nous sommes TOUS inclus. L’image de Dieu commence peut-être seulement à ce moment-là ?

Ceci ne signifie pas qu’il n’y avait pas des humains, ou des « hominidés », avant ou ailleurs dans le monde. Le texte biblique lui-même le laisse entendre aux chap. 3 et 4, puisque Caïn, chassé du Jardin, craint d’être attaqué par d’autres hommes et qu’il prend des femmes pour avoir une descendance… et il a une postérité en effet et fonde une sorte de civilisation. Puis vient Seth, en remplacement d’Abel, qui prend femme lui aussi et engendre une lignée (dont le contexte, après le déluge, semble apparenté à la civilisation sumérienne en basse Mésopotamie, une des premières du monde) ; cette lignée aboutira, beaucoup plus tard, à la venue du Sauveur Jésus de Nazareth au sein du peuple d’Israël.

En bref, Adam et Eve sont présentés comme des ”prototypes” (à portée collective) de l’intention de Dieu avec l’humanité dans laquelle le Créateur veut faire habiter sa gloire  — par la qualité de leur vie avec Lui  — et de leur gestion bénéfique de l’univers en son Nom. On sait que ce Plan a été sérieusement perturbé et temporairement mis en échec par notre péché : nous avons choisi de vivre par « l’Arbre de la connaissance du bien et du mal », connaissance séparée de Dieu et menant vers la mort, au lieu de vivre par « l’Arbre de la Vie »  (anticipation de J.-C.) sur la base de la confiance en l’Eternel et sa Révélation !

Mais le Dieu vivant d’Abraham, d’Isaac et de Jacob n’a pas abandonné l’humanité à son triste sort pour autant et a mis en œuvre pendant une quarantaine de siècles son Plan de salut en Jésus-Christ son Fils ! C’est pourquoi Jésus est appelé le Dernier Adam, chef d’une nouvelle manière d’être homme et femme et promis à la résurrection glorieuse (1Corinthiens 15. 45 et suivants; voir aussi Romains 5.12-20) !

Pasteur Jean-Pierre Besse

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