Dois-je tout subir dans mon travail sans rien dire même face aux injustices ?

Telle est la question de base de deux articles que nous te proposons. Dans le premier article, nous avons mis  l’accent sur « subir« . Ce point met en avant la réalité d’une injustice et d’une souffrance. Et nous avons aussi examiné  le « dois-je » qui met l’accent sur la question de « qui peut nous obliger à souffrir ? ». Dans cet article nous examinons le « sans rien dire ? »

Dois-je tout subir sans rien dire : Ou comment réagir à l’injustice ?

Jésus est souvent comparé à un agneau silencieux conduit au supplice sans résistance. Il a accepté pleinement l’injustice et la souffrance – sans les dénier, sans les minimiser, sans en vouloir à ses « bourreaux. » Pourtant, si l’on regarde de plus près, nous avons vu que Jésus a choisi d’accepter cette injustice – elle ne lui était pas imposée. Et au fil de l’histoire, au milieu de sa souffrance, il rappelle qu’il l’accepte. Il rappelle aux chefs religieux qu’ils sont dans l’erreur. Il demande des comptes à l’huissier qui le frappe sans raison (Jean 18:19-23). Il rappelle à Pilate qu’il n’aurait aucune autorité si Dieu ne la lui laissait pas (Jean 19:11). Et nous avons déjà mentionné que Paul a fait respecter, au milieu de son emprisonnement, ses droits de citoyen romain.

L’évangile inclut donc aussi bien une notion de « sacrifice de soi » que d’affirmation de la vérité. La première nous pousse à ne rien dire et tout endurer. Il faut donc bien réfléchir avant de vouloir se venger ou même exiger « réparation » ou « justice » pour soi-même. Christ n’a pas exigé la justice, il l’a vécue et en a payé le prix sur la croix. Et nous sommes appelés à refléter son caractère. En même temps, les notions de vérité et de justice, toutes deux chères à Dieu, nous encouragent à confronter (éventuellement avec l’aide de collègues ou médiateurs professionnels) les personnes qui nous font du mal pour leur partager, sans animosité, notre souffrance et leur proposer une réconciliation afin de faire cesser cette injustice, mais sans entrer dans la revendication ou la menace. Il peut également être de notre devoir de rappeler les lois et règles auxquelles toute personne est soumise—ce surtout dans les pays démocratiques et lorsque les lois protègent les plus faibles (tout en sachant que confronter une personne avec ses agissements injustes inclut le risque que la personne refuse ou retourne même le dialogue contre nous-mêmes). Finalement, dans la plupart des cas en Occident, nous avons également la chance de pouvoir quitter notre travail si nécessaire.

Un cheminement avec Dieu

La foi chrétienne est avant tout un cheminement en relation avec Dieu – non une liste de règles pré-définies. Il n’y a donc pas de réponse universelle à une question si complexe que celle-ci. Dieu me veut-il encore témoin à cet endroit ? Veut-il m’utiliser pour faire cesser cette injustice ? Veut-il encore m’apprendre quelque chose dans cette situation ? Ou a-t-Il de nouveaux projets pour moi ? Comment veut-il me réconforter dans cette situation. La réponse se trouve dans la prière, individuelle et avec un groupe d’amis. Et dans le processus de discernement, je dois tenir compte de ma personne, de ma capacité (parfois limitée) à supporter la souffrance qui résulte de la situation ainsi que du soutien que je peux trouver pour m’aider dans l’épreuve – quel que soit la décision que je prends par rapport à la situation.

En conclusion

Dans tous les cas, il faut reconnaître l’injustice et les souffrances qui en découlent, identifier ce que nous avons comme ressources. Puis, à partir de là, comment avancer dans la situation avec l’aide de Dieu – ne pas subir passivement, mais trouver les ressources pour prendre une décision quant à la suite à donner. Parfois, c’est décider d’accepter les souffrances et trouver le soutien nécessaire pour endurer cette épreuve ; parfois, c’est décider de confronter dans l’amour et le pardon les personnes impliquées et chercher un changement ; parfois, c’est renoncer à un emploi.  Dans tous les cas, il est important que ce soit un choix, personnel, pris dans la prière et qui corresponde aux ressources personnelles et à l’aide disponible.

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