Plusieurs passages bibliques parlent de l’autorité et de soumission dans la Bible. Il y a notamment l’autorité de Dieu (Il est « Seigneur de l’Univers, » ce n’est pas rien comme autorité, Psaumes 84:4 p.ex.), l’autorité dans l’église (Hébreux 13:17), l’autorité dans la famille (Ephésiens 5:22-25; Colossiens 3:18-21), dans le travail (Colossiens 3:22-4:1) et dans la société / politique. Par exemple, quand Jésus parle de « rendre à César ce qui appartient à César ». Il invite à payer l’impôt aux autorités laïques (Luc 20:25) et reconnaît donc implicitement l’autorité romaine sur ce point. Dans Romains 13:1-7, Paul affirme que toute autorité vient de Dieu et doit donc être respectée.

Autorités imparfaites

Pourtant, Paul et Jésus savaient très bien que l’autorité romaine tout comme les autorités religieuses et familiales n’étaient pas toujours alignées avec la volonté de Dieu. La Bible ne prétend pas que l’autorité représente automatiquement Dieu et qu’elle exerce la volonté divine. Elle rappelle par contre que nous avons un Dieu d’ordre et que souvent, il vaut mieux se soumettre que se révolter. Beaucoup de disciples s’attendaient à ce que Jésus chasse les romains et ré-instaure enfin ce grand Israël puissant et libre. Ils furent déçus. Jésus et les premiers disciples ont accepté de vivre et d’agir dans un système défini par les autorités en place telles qu’elles étaient. Ces autorités n’étaient de loin pas parfaites et ils en ont accepté les conséquences.

Autorité de Dieu

En même temps, même s’ils ont accepté les conséquences de leurs actions face à des autorités imparfaites, il n’ont pas mis la volonté des autorités avant la volonté de Dieu. Jésus par exemple n’a pas obéi aux Pharisiens et a même guéri des gens le jour du Sabbat (Marc 3:1-6). Il a ainsi poussé les Pharisiens à vouloir sa mort. Il mourra bel et bien injustement sur la croix comme conséquence de sa « désobéissance » aux autorités religieuses. Il n’utilisera pas son pouvoir pour descendre de la croix et renverser les autorités en place, même si elles étaient « fautives » (Philippiens 2:5-11). De même Etienne confrontera les autorités en place et sera lapidé (Actes 7). Pierre et Jean respectent profondément les autorités, mais en même temps affirment clairement qu’ils continueront de proclamer la bonne nouvelle de l’Evangile (Actes 5:17-42). A chaque fois, ils en acceptent les conséquences et seront frappés et/ou mis en prison.

Soumission active

Finalement, on notera que Paul, à un moment donné, fera respecter ses droits de citoyen romain (Actes 22:24-29). A nouveau, pas de révolte, pas de malédictions contre le pouvoir en place, mais une « soumission active » qu’il utilise pour se protéger et (peut-être surtout) pour faire avancer le Royaume. De même, il mettra fondamentalement en question la relation d’autorité entre maître et esclaves. Colossiens 3:22–4:1, mentionné plus haut, doit donc être mis en lumière avec l’épître à Philémon. Pour ceux d’entre nous qui vivons dans des démocraties, nous pouvons être inspirés par cette « soumission active. » Loin de vouloir créer des « nations chrétiennes » (un concept que nous ne retrouvons pas dans le NT puisque Jésus s’est refusé à toute entreprise dans ce sens), nous pouvons nous engager dans nos sociétés, par amour pour Dieu et pour notre prochain, afin de faire respecter les droits de chacun, surtout lorsque ceux-ci découlent de valeurs bibliques telles que le respect des plus faibles, la liberté de conscience et d’expression ou la justice.

Conclusion

Se soumettre aux autorités signifie entre autres que, lorsque nos loyautés envers Dieu et envers les autorités seraient en tension, nous faisons preuve de discernement afin de savoir comment agir et, le cas échéant, nous acceptons les conséquences de nos actes. Se soumettre aux autorités ne signifie par contre pas que nous ne pouvons pas avoir un esprit critique envers elles (tant que nous sommes dans une dynamique positive). Cela n’empêche pas non plus que nous cherchions, dans l’amour et l’humilité, à travailler avec d’autres pour construire des familles, des communautés et des sociétés qui reflètent toujours davantage les valeurs fondamentales partagées avec de nombreux concitoyens, telles que justice, amour, respect, service, protection des faibles et des minorités, accueil,… Cela n’empêche pas non plus que nous cherchions à faire respecter nos droits fondamentaux lorsqu’ils sont bafoués par les autorités familiales, religieuses, professionnelles ou politiques.

MGonin

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